dimanche 10 novembre 2013

Les pas de côté

Inspiré par J.R.R. Tolkien, Le Seigneur des Anneaux.

« Frodon et Sam se tenaient comme sous l'effet d'un enchantement. Le vent lança une dernière bouffée. Le feuilles pendirent de nouveau silencieuses aux branches raides. La chanson jaillit derechef, et puis, soudain, sautant et dansant dans le sentier, parut au-dessus des roseaux un vieux chapeau cabossé à haute calotte, avec une longue plume bleue fichée dans le ruban. Un nouveau sautillement et un bond amenèrent en vue un homme, ou tout au moins le semblait-il. En tout cas, il était de trop forte carrure et trop lourd pour un Hobbit, s'il n'était pas tout à fait d'assez haute taille pour être un des Grandes Gens, bien qu'il fît assez de bruit pour cela, clopinant sur d'épaisses jambes couvertes de grandes bottes jaunes et chargeant à travers l'herbe et les joncs comme une vache qui descend boire. Il avait un manteau bleu et une longue barbe brune; ses yeux étaient bleus et brillants, et sa figure d'un rouge de pomme mûre, mais plissée de mille rides de rire. Il portait dans ses mains sur une grande feuille comme sur un plateau un petit tas de lis d'eau blancs. »

Venu au secours des Hobbits perdus dans les bois de la Vieille Forêt, il les aide à retrouver le bon chemin.

« [...] — mes petits amis, dit-il, se baissant pour regarder leurs visages. Vous allez venir à la maison avec moi. La table est toute chargée de crème jaune, de rayons de miel, de pain blanc et de beurre. Baie d'Or vous attend. Il sera temps de poser des questions autour de la table du souper. Suivez-moi aussi vite que vous le pourrez !
Sur ces mots, il ramassa ses lis et, avec un signe de la main, il s'en fut en sautillant et en dansant dans le chemin vers l'est, non sans continuer à chanter d'une voix forte ses chansons dépourvues de sens. »

Après deux jours de repos, il leur prodiguera des conseils avisés pour le reste d'un périple qui ne fait que commencer : arrivés à Fontcombe, il leur faudra aller en Mordor ; victorieux en Mordor, il faudra revenir dans la Comté ; puis de la Comté aux havres Gris, enfin des Havres Gris au-delà de la grande mer...
Car s'il vaut mieux la fin d'une chose que son commencement, c'est parce que toute fin est nouveau commencement.

Un chemin véritable est-il autre chose qu'une invitation à marcher ?


Mais comment bien marcher ?
Le fou et le désespéré marchent sans but. L'indifférent et l'esclave marchent sans joie. L'homme pressé court au-delà de ses forces et sa cadence effrénée l'épuise vite. Enfin, il n'y a que l'insouciant pour cheminer sans nourriture ou le possédé pour refuser le repos le long du long chemin.
Alors : comment bien marcher ?

Le chemin, pour l'instant et en ces lieux, ce sont vos études.
Tom Bombadil, c'est le Savoir, la connaissance et la pratique du cours. Il viendra à votre secours si vous vous égarez, mais il vaut mieux marcher dès à présent dans ses pas ;-)
Baie d'Or (vers laquelle Tom revient chaque soir), c'est la Sagesse qui éclaire, inspire, oriente et attire ce savoir.
Elle ne se rencontre pas dans les sentiers des études, mais dans la maison, à la lumière des chandelles.
La Sagesse, pour vous, sera donc de nourrir votre savoir régulièrement, chaque soir, fidèle à la table toute chargée de mets qui vous attend.
Sur cette table, des aliments incontournables et fortifiants : de la crème jaune, des rayons de miel, du pain et du beurre... Le parfait menu des contes de fées ! — A vous de deviner, en marche et désireux de prolonger l'allégorie, ce qui peut se cacher derrière les 4 aliments du marcheur studieux...
Aliments tellement indispensables que Tom Bombadil en donne la liste une seconde fois lorsque les Hobbits arrivent enfin à la maison.

« Une porte s'ouvrit, et Tom Bombadil entra. Il n'avait plus de chapeau, et son épaisse chevelure brune était couronnée de feuilles automnales. Il rit et, s'avançant vers Baie d'Or, il lui prit la main.
— Voici ma belle dame! dit-il en saluant les Hobbits. Voici ma Baie d'Or vêtue de vert-argent avec des fleurs à sa ceinture ! La table est-elle mise ? Je vois de la crème jaune et des rayons de miel, du pain blanc et du beurre ; du lait, du fromage, des herbes vertes et des baies mûres récoltées. Cela nous suffit-il ? Le souper est-il prêt ?
— Oui, dit Baie d'Or ; mais peut-être les hôtes ne le sont-ils point ?
Tom battit des mains et s'écria :
— Tom, Tom ! tes hôtes sont fatigués et tu as failli oublier ! Venez, mes joyeux amis, et Tom va vous rafraîchir ! Vous allez nettoyer vos mains sales et laver vos visages las ; débarrassez-vous de vos manteaux boueux et peignez vos cheveux emmêlés ! »

Aliments indispensables mais également, vous l'aurez noté, des douceurs faites d'herbes vertes et de baies mûres récoltées.
Elles ont toujours été sur la table, quand bien même Tom ne les mentionnait pas.
Ces baies mûres récoltées sont les offrandes de la nature au marcheur qui explore ses sentiers.
Pour les prendre, il faut faire... un pas de côté ; se pencher au cours d'une pause qui permet de reprendre souffle et de repartir avec, au creux de la main, une poignée de baies sucrées qui renouvelle la joie du marcheur.

Surprises inattendues, petits trésors sucrés au détour d'un sentier, à travers les ronces et les épines.
Douceurs inutiles en apparence seulement. Inutiles pour le fou, l'indifférent et le possédé qui ne savent pas s'arrêter pour mieux repartir.

Autant de baies mûres récoltés le long du chemin, autant d'échos...
Si vous vous demandez encore ce que cela à voir avec la physique ou ce que la physique a à voir avec cela, c'est que vous n'avez pas encore assez marché !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire